Chagrin-des-îles

Publiée dans le recueil « Cinquante mille nuits d’amour », Editions Julliard. 1995.

Chagrin-des-îles - Publiée dans le recueil « Cinquante mille nuits d’amour » - Jean-Pierre Milovanoff - Editions Julliard 1995

Notre pièce préférée. Du chocolat noir à 70 pour cent d’amertume avec 10 pour cent d’humour et 20 de lyrisme. Du blues en action. Des personnages comme la Pupille ou Georgia qu’on n’a pas envie d’oublier.

Dans une île tropicale où règne la corruption, des promoteurs immobiliers veulent créer un complexe touristique sur l’emplacement d’un village de pêcheurs. Le pasteur Hawks s’y oppose. Pour s’en débarrasser, on fait venir un tueur qu’il faudra ensuite éliminer.

 

Extrait:

LA PUPILLE, étendue sur le sol. J’aime dormir sans vêtements. Si possible, dans la pénombre. Venant du couloir éclairé, il clignait des yeux sans me voir. Je fumais une cigarette. Il a demandé : y a quelqu’un. J’ai dit non il a dit c’est la preuve qu’il y a quelqu’un. J’ai dit non.

LE MARIN. Ce qui me plaît sur les cargos, c’est de travailler tout en bas. Pas sur le pont. Pas sous les étoiles, putain ! Ma place est là où ça cogne et ça hurle. Là où l’on sue et où l’on se donne des coups. On fait toute la traversée sans voir le ciel. On porte l’océan sur les épaules. On soulève le monde entier pour que les puissants se gobergent.

LA PUPILLE. Je lui ai dit, entre, n’aie pas peur. D’habitude c’est trente euros. Trois billets de dix. Ou si tu les as : six de cinq. En silence et dans la pénombre. Si je dois parler, c’est plus cher. La conversation, ça se paie.