Ils avaient compris assez tôt que leurs vies ne valaient rien, qu’elles ne comptaient pas en regard de l’histoire qui les broyait. La plupart était des cœurs simples, scrupuleux et naïfs jusqu’au délire. On appelait les autres des bons à rien, ce qui correspondait souvent à leur propre sentiment. Quelques-uns furent des fripouilles à l’échelle d’un hameau ou d’une maison. Tous rêvaient, souffraient, espéraient ou n’espéraient plus, se réjouissaient à la perspective d’un bon repas, se troublait à la vue d’une nudité longtemps désirée. Tous ont perdu la tête à un moment, ont pleuré, ont dit à quoi bon. Qui ne se sent pas le frère de toutes ces âmes perdues ne doit pas se mettre à écrire. Presque un manège
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