Espoir

Il y a trois façons d’espérer, me déclara-t-il un des premiers soirs où les aléas de notre conversation nous avaient conduit vers les grandes notions philosophiques, par des chemins que j’ai oubliés, mais qui empruntèrent sans doute à l’alcool et à la fumée des cigares. Je dis bien, trois façons d’espérer, pas une de plus. Dans le présent, dans le futur et dans le passé. Ceux qui espèrent dans le présent sont les mesquins, les médiocres, les gloutons, les usuriers. C’est l’espèce la plus nombreuse. Ceux qui espèrent dans le futur sont les velléitaires, les paresseux. On les voit, éternellement fatigués des travaux qu’ils n’ont pas entrepris, se berçant de l’attente des jours meilleurs. Ceux qui espèrent dans le passé sont les poètes, les mélancoliques, les fous et les morts.

Le Maître des paons